Le familier - Leigh Bardugo

 

Genre : Fantastique - Historique
Lectorat : Adulte
Maison d'édition : Sabran
Format : Grand format
Nombres de page : 441
Année de parution : 2024
Type : One shot

Début de la lecture : 28 mars 2025
Fin de la lecture : 21 avril 2025
Challenge ou d'une LC : Non







Contexte : 

16e siècle, Madrid. Alors que le royaume d'Espagne se déchire dans une guerre contre l'Angleterre Protestante d'Elisabeth 1ere, Luiza Cotado, une jeune fille de cuisine tente tant bien que mal de survivre. Embauchée auprès d'une très modeste famille de la petite noblesse, Luiza laisse filer les jours, abatant son dur labeur à l'aide d'une magie héritée de ses origines juives. Lorsque sa maîtresse découvre les dons singuliers de son employée, Luiza se retrouve malgré elle entraînée dans un engrenage qui pourrait bien lui être mortel. Forcée de participer à un tournois regroupant d'autres personnes doté de don, Luiza va devoir mettre sa vie en jeu. En plein Madrid de l'inquisition, la jeune femme sait qu'elle risque gros. Seulement elle n'a plus le choix.


Chronique : 

Leigh Bardugo est, pour moi, de ces auteurs incontournables qui ont impactés d'une façon unique mon rapport à la lecture. Très fan de son Grishaverse j'ai appris à la connaître dans un genre nouveau, celui de la Dark Academia avec sa duologie de la 9e maison. Un virage a 360° degrés formidablement bien opéré qui avait su, à l'époque, me montrer que la dame avait encore beaucoup à raconter et à offrir et cela sur des registres très différents. Et, en 2024, voilà qu'elle remet le couvert en nous proposant, cette fois-ci, ni plus ni moins qu'un récit fantastique et historique ! Autant dire que tout ça a indubitablement attisé ma curiosité. 

Le familier est un objet singulier à l'échelle de ce que je connais de la bibliographie de l'autrice.  Profondément ancré dans la réalité historique, celle du règne de Philippe II, le récit nous fait côtoyer personnages de la grande Histoire et personnages fictifs. Un peu à l'image d'une parenthèse, d'une histoire dans l'histoire, les aventures de Luiza sont autant un bon divertissement qu'une réelle porte d'entrée vers une pan beaucoup plus large de l'histoire Espagnole : celle de l'inquisition, de la chasse aux juifs et aux musulmans et de la vie des femmes espagnoles du 16e siècle. 

L'histoire de Luiza a un déroulé somme toute classique, celui d'une jeune femme possédant un don et qui va devoir l'utiliser pour évoluer dans un milieu hostile afin de gagner sa liberté. Si le scénario en tant que tel ne brille pas par son originalité c'est bien dans ses personnages et son ancrage historique que se démarque l'œuvre de Leigh Bardugo. Dans son encrage historique, d'une part, car c'est par le biais de son histoire que Leigh Bardugo nous dresse un véritable portrait de cette époque et plus particulièrement du quotidien des juifs convertis d'Espagne. L'aspect fantastique aurait pu ne pas exister que la tension aurait été la même. Luiza n'est pas en danger pour ses capacités, elle l'est pour ses origines. Tout au long du roman, la peur ne vient pas des autres concurrents ou des épreuves que Luiza va avoir à affronter mais bel et bien du spectre de cette inquisition, véritable araignée dont la toile couvre chaque rue, chaque fenêtre, chaque mur de Madrid. Leigh Bardugo sait instaurer un véritable climat de peur et d'oppression, mettant au-dessus de la tête de son héroïne une épée de Damocles permanente qui rend chacune de ses excursions hors des murs de son lieu d'habitation angoissante.

Encrage historique qui se traduit également par le focus fait sur les femmes et leurs places. Dans le familier ce sont les femmes qu'on suit. Des femmes diverses, aux portraits variés. Luiza, évidemment, juive et pauvre, tiraillée entre une existence morne et la forçant à vivre dans l'ombre pour sa propre sûreté ou une possible vie sous les lumières mais où chaque minute peut-être la dernière. Mais aussi Valentina, noble triste, écrasée par le poids d'un mariage sans amour, poussée à l'aigreur par l'échec dans ses fonctions, pieuse mais comprimée par le poids d'un dictât religieux la poussant à enfouir ses propres désirs. Ou encore Hualit, prenant ce qu'il y a prendre, consciente du peu de pouvoir qu'on lui laisse exprimer mais consciente qu'elle peut en jouir par l'intermédiaire des autres. 

Avec ses héroïnes, toutes dotées d'une évolution et de nuances très appréciables, le roman nous offre aussi, comme souligné plus haut, de nombreux personnages de qualité, gris tout aussi soumis les uns que les autres à leurs peurs et leurs vices. Que ce soit Don Marius qui revêt l'un des visages des antagonistes ou Santangel et son tiraillement personnel tous offre des portraits justes et efficace. 

Mais le familier c'est aussi un plume et un rythme. Le récit peut se montrer assez lent. Ici, nous sommes avant tout sur un roman d'ambiance. Si l'histoire a ses moments de fulgurances et son lot de péripétie ce n'est clairement ici qu'on se noiera sous l'action ! Mais cette ambiance, cette lenteur, c'est aussi, à mon sens, ce qui sert profondément le récit. C'est ce qui laisse la place aux personnages de se développer et aux relations de s'écrire. Car le familier c'est aussi une romance lente et toute en tension qui, s'il ne m'a pas transcendée, à su se faire tout de même marquante et attachante. 

L'histoire ne s'étire pas inutilement. Leigh Bardugo offre ici un récit efficace avec une plume fluide, accessible mais néanmoins percutante. J'ai été très heureuse de découvrir ce livre et suis, du coup, très curieuse de voir ce que l'autrice pourrait nous écrire d'autres dans le même genre. L'ancrage historique du livre apporte vraiment beaucoup et représente à lui seul une grande partie de ses points forts. J'aimerais voir, à l'avenir, Leigh Bardugo s'essayer de nouveau à cet exercice. Avec ses personnages et sa plume, ça ne peut être qu'une réussite. 


Très bonne lecture
⭐⭐⭐⭐





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